Datong

Par un après-midi grisâtre de septembre, notre bus s’élançait à pas de sénateur sur le n-ième périphérique de Pékin en destination de Datong.
D’abord complètement bouchée -congés nationaux obligent- puis totalement déserte une fois en dehors de Pékin -comme beaucoup d’autoroutes chinoises-, l’axe traverse d’abord la ceinture montagneuse qui entoure la capitale et on y distingue des vestiges de la grande muraille qui autrefois protégeait Pékin des envahisseurs. Aujourd’hui cette même ceinture montagneuse sert surtout à retenir la pollution. Une fois arrivé sur le plateau, avant-poste de la Mongolie Intérieure, le paysage change notablement : des terres jaunâtres à perte de vue, où poussent péniblement des plants de maïs ou de blé, et où quelques rivières dessinent des sortes de mini-canyons. Une autre ceinture de montagne sert d’arrière-plan où on discerne parfois un temple.

Le Shanxi est une région qui s’est développée autour de l’extraction du charbon, et sur la voie ferrée qui court en bonne partie le long de l’autoroute, d’immenses trains de charbon se dirigent vers Pékin, tirés par deux locomotives à l’avant et deux autres au milieu du convoi (locomotives fournies par Alstom).

Datong, disons-le d’entrée, n’a pas grand chose pour elle. Outre que ce soit surtout une ville d’industrie lourde, le gouvernement local s’est mis en tête de « restaurer » le centre historique. Restaurer au sens chinois : raser à blanc et reconstruire des bâtiments en pseudo-style Qing façon décors Eurodisney en carton pâte. Les murailles de la ville ont donc la particularité de contenir un parking (comme c’est pratique !) et les temples accueillent des foires où sont présentées des marques de voitures et d’électroménager. En revanche, dans le parc près de la gare routière, les manèges sont restés dans leurs jus des années 70 et donnent un aspect « tchenobylesque » à cet endroit (d’ailleurs je crois que j’ai assez de matière pour un article dédié). Le hasard a aussi voulu que notre passage coïncide avec la « braderie de Datong », sorte de braderie de Lille moins la bière belge plus quelques centaines de décibels (chaque boutique et chaque stand monte une sono avec une chinoise qui braille dedans. Chaque magasin). Pour l’anecdote, on peut aussi mentionner un restaurant « chic » où les chaises sont d’énormes fauteuils, et qui propose presque toutes les variétés de bière Baltika, chose que je n’avais jamais vue même à Saint Pétersbourg.

Pour mémoire :

  • Baltika nº0 sans alcool (oui ça existe en Russie !)
  • Baltika nº2 « Svetloe »
  • Baltika nº3 « Classique » (comme de la Kro)
  • Baltika nº4 « Originalnoe »
  • Baltika nº5 « Zolotoe » (ambrée)
  • Baltika nº7 « Eksportnoe » (un peu plus forte)
  • Baltika nº8 « Pchenitchnoe » (« non filtrée », bière sur lie, ma préférée)
  • Baltika nº9 « Krepkoe » (authentique bière de clodo)

 

Des temples et des montagnes (et des coccinelles)

Ce pour quoi nous étions venus était entre autres le Temple Suspendu (XuanKongSi), à deux heures de route à travers la campagne (vallonnée) su Shanxi. Les moines qui l’ont construit en l’an 490 voulaient le protéger des pillards en le logeant à flanc de falaise dans une vallée encaissée, une idée qui a manifestement porté ses fruits puisqu’il est toujours là plus de quinze siècles après (bien que le plus gros de la structure actuelle soit plus récent). Compte tenu de l’affluence en ces jours de congés nationaux, il a fallu faire les derniers kilomètres à pied à travers la vallée peuplée de nuées de coccinelles (j’aurais pu faire des statistiques sur l’effectif de coccinelles en fonction du nombre de points). Malheureusement le temple en lui même était fermé pour cause de risque de chute de pierres, mais il était possible de s’approcher au fond de la vallée. Puis nous avons mis le cap (à quelques kilomètres en moto-taxi) sur les Heng Shan, une des montagnes sacrées du taoïsme. Un téléphérique permet de monter la montagne sans effort (sauf pour le porte-monnaie…) et il est possible de se promener entre les temples perchés dans les montagnes.

Congés nationaux

Outre que les chinois sont nombreux, ils sont tous en congés en même temps ! Environ dix jours en octobre pour les fêtes nationales et deux semaines en février pour le nouvel an chinois. Autrement dit, il est difficile, voire mission impossible de trouver des billets (de quelque moyen de transport que ce soit). Les billets de train se réservent 60 jours à l’avance, donc le moment venu, les trains sont pleins depuis longtemps. En revanche les billets de bus s’achètent au dernier moment, et nous avons pu avoir deux places pour un Pékin-Datong. Pour le retour, un site de voyages en ligne montrait des places disponibles un train, or en allant au guichet, il s’est avéré que ces places étaient des tickets debout ! Car dans les wagons « sièges durs », qui portent bien leur nom, les passagers sans réservation de siège voyagent debout… Mais qu’à cela ne tienne, la boutique de la gare vend des tabourets de pêche ! Par chance, en rafraichissant frénétiquement le site de vente de billets, j’ai vu qu’un wagon avait été rajouté et que 70 places assises étaient en vente ! Au guichet, une heure plus tard, il n’en restait que dix…

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