Tchernobyl

Alors oui, Tchernobyl se visite, il suffit de prendre contact avec l’un des quelques tour-opérateurs ukrainiens qui organisent des visites presque tous les jours…

Rendez-vous au petit matin à Kiev sur la désormais fameuse place Maïdan, et c’est tout un bus de touristes « de l’extrême » qui s’élance quelques 150km au nord de la capitale, près de la frontière biélorusse.

Le premier arrêt est au checkpoint de la zone des 30km, où les passeports de tous les visiteurs sont contrôlés par un milicien… et il y avait du monde ce matin-là !

Puis le bus redémarre et nous emmène au vieux village de Tchernobyl (à distinguer de Prypiat qui est la ville nouvelle construite en 1970 pour les personnels de la centrale), qui existait bien avant la centrale et est encore habité par les scientifiques et les constructeurs du nouveau sarcophage. Le premier point « d’intérêt » est l’alignement des panneaux routiers de tous les villages désertés suite à la catastrophe, et qui ressemble à s’y méprendre à un cimetière. Suivent une exposition des robots liquidateurs (tombés en panne au bout de quelques jours à cause de l’intensité des radiations, et qui ont été remplacés par des appelés), la caserne de pompiers avec son monument « à ceux qui ont sauvé le monde » (installé par les pompiers eux-mêmes, l’Etat ukrainien n’ayant pas contribué à hauteur d’un kopeck. Vous avez dit ingratitude ?), puis le relativement célèbre jardin d’enfants qui pourrait maintenant servir de décor pour un film d’horreur de seconde zone.

Le guide garde toujours avec lui un compteur Geiger, qui reste étonnamment calme la plupart du temps. Il faut savoir que la route a été refaite depuis la catastrophe et est régulièrement lavée, et certains terrains ont été recouverts de terre nouvelle. La nature qui a repris ses droits donne une impression trompeuse : il est interdit de poser des choses à terre, de cueillir des végétaux et de s’enfoncer dans les bois. En certains endroits signalés par le pictogramme désormais bien connu, le compteur s’affole brusquement.

On s’approche ensuite du « monstre » qui a failli rayer l’Europe de la carte, et on découvre au passage les carcasses de deux autres réacteurs dont la construction s’est brutalement interrompue le lendemain de la catastrophe, avec un bâtiment de stockage de déchets nucléaires conçu par les Français, mais inutilisable à cause de dimensions trop petites (« le monument le plus cher offert par la France à l’Ukraine » dixit le guide); on voit aussi les réacteurs 1 et 2 (c’est le 4 qui a explosé) qui ont continué à fonctionner jusqu’au début des années 2000 !

Après quelques « selfies » du 3e type, direction Pripiat, la ville-modèle soviétique construite en 1970 pour héberger les personnels de la centrale. Tous les grands classiques soviétiques y figurent : immeubles monolithiques, « dvorets kultury » (palais de la culture, en fait une salle de divertissements financé par l’usine : cinéma, salle de spectacles…), grand hôtel, grand magasin vide… et la fameuse grande roue, qui n’a jamais tourné car elle devait être inaugurée le dimanche suivant l’accident à la centrale…

Au retour, le passage du checkpoint comprend la détection de contamination. Petite seconde d’inquiétude en passant par le portail avant que le voyant « чистий » (propre) ne s’allume…

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