La prose du Transsibérien

La ligne du Transsibérien est la plus longue ligne ferroviaire au monde puisqu’elle parcourt 9288km de Moscou à Vladivostok, en passant par de nombreuses villes, villages ou campements en pleine taïga. Touts mythiques qu’ils soient, les train qui la parcourent sont donc globalement des omnibus. De plus, des trains « luxe » à la troisième classe, cette appellation recouvre des réalités très différentes.

La vie à bord du train

Tout d’abord, pour monter à bord, il faudra montrer votre billet et votre passeport à la provodnitsa (chef de wagon).

Ensuite, tout dépend de la classe que vous choisissez. Les wagons « luxe » sont des compartiments de deux places, hommes et femmes sont le plus souvent séparés et les repas sont inclus. En « coupé » (seconde classe), il y a quatre personnes par compartiment, et les repas sont inclus en option sur certains trains. En « platskart », il n’y a pas de séparation entre les compartiments, et il y a une rangée de couchettes le long du couloir. C’est cette classe qu’utilisent souvent les familles pour leurs départs en vacances, et c’est donc la plus animée ! Peu après le départ, la provodnitsa passe distribuer les draps, et il faut faire son lit soi-même dans un espace somme toute assez réduit ! Pour un peu d’intimité, certains tendent un des draps le long du couloir pour fermer leur « compartiment ».

A l’heure des repas, beaucoup de Russes ne vont pas au wagon-restaurant, cher, mais emportent leurs provisions. Tous les wagons comportent un samovar (grande bouilloire) pour faire du thé, et les nouilles instantanées sont de plus en plus présentes à bord; mais les pique-niques « traditionnels » sont encore bien présents : pain, charcuterie, fromage, l’incontournable tomate-concombre, voire du poisson séché vendu sur certains quais ! A noter que l’alcool fort est désormais interdit dans les trains, aussi ne vous proposera-t-on pas de tournée de vodka…

 

Carnet pratique

Un petit résumé rapide (et à reculons) d’une traversée de la Sibérie :

Vladivostok

L’autre tête de ligne du Transsibérien (à 9288km -et une semaine- de Moscou) est une ville agréable en été, que l’on compare souvent à San Francisco, et pour cause : construite sur des collines autour d’une baie traversée par un immense pont suspendu, de nombreuses rues sont en pente – raide. En revanche, ses tramways ne sont pas aussi emblématiques que dans la ville américaine. Ville de garnison interdite aux étrangers jusqu’en 1992, elle est aujourd’hui en pleine reconversion : on peut se baigner dans le Pacifique à côté de promenades aménagées, les anciennes fortifications se visitent pour certaines, et l’Ile Roussky, reliée au continent par un deuxième pont suspendu (à un milliard de dollars) abrite un campus flambant neuf au bord de l’océan. Plus classique, on peut aussi visiter un sous-marin de la Seconde Guerre Mondiale, sur les quais de la Corne d’Or, ou le musée Arseniev qui présente l’histoire de la région.

Vladivostok – Khabarovsk : environ 12 heures. Le train de nuit « Okean » est un « firmeny » (premium), plus confortable; environ 3500 roubles en « coupé ».

Khabarovsk

Les rues sont un musée du tramway à ciel ouvert, où des tramways dernier cri côtoient des franchement vintage. Les rives de l’Amour sont agréables à parcourir. Le musée ethnographique, récent, vaut également la visite.

Khabarovsk – Birobidjan : on peut prendre n’importe quel train grandes lignes vers l’ouest, sinon deux elektrishkas font la liaison en trois heures (env. 300 roubles)

Birobidjan

Chef-lieu de la région autonome juive crée par le pouvoir soviétique dans les années 1930, la ville garde assez peu de traces de cette partie de son histoire : quelques panneaux de rues sont doublés en hébreux de même que l’enseigne à la gare et à la poste centrale.

La ligne de Blagovetchensk se détache de l’itinéraire principal du Transsibérien à Belogorsk, d’où l’on peut prendre un bus si aucun ne se rend directement à Blagovetchensk depuis votre ville de départ.

Chaque jour, un train part de Khabarovsk, passe par Birobidjan et arrive à Blagovetchensk vers 8h30 le lendemain (platskart environ 2000 roubles). Juste avant l’arrivée, on traverse la Zeïa sur un grand pont métallique.

Blagovetchensk

Sur les bords de l’Amour, en face de la ville chinoise de Heihe, Blagovetchensk recèle quelques beaux bâtiments l’époque tsariste et un sympathique musée régional, qui présente entre autre une météorite tombée non loin de la ville. Pendant les beaux jours, les rives de l’Amour sont agréables à parcourir, et Russes et Chinois se baignent et font des croisières sur le fleuve.

Il est également possible de traverser officiellement la frontière à la gare fluviale. Arrivé à Heihe, on peut prendre un train pour Harbin.

Ulan-Ude

C’est la capitale de la bouriatie : la partie haute est la partie soviétique (autour de la place des Soviets avec son imposante tête de Lénine – sans doute la plus grande au monde); la partie basse, près de la rivière, recèle quelques maisons en bois bien conservées. Quelques musées intéressants (musée ethnographique, musée des arts bouriates…)

En allant vers l’ouest, le train traverse le delta de la Selenga puis longe la rive sud du Baïkal pendant plusieurs heures jusqu’à Slioudyanka, où l’on peut prendre le Circumbaïkal (départs les lundi, jeudi, vendredi et dimanche à 13h24. Les trajets retour ont lieu la nuit suivante).

De Port Baïkal (l’autre terminus), il est possible de prendre un hydroglisseur pour Olkhon et plus loin Severobaïkalsk (mardi et vendredi), ou pour Irkoutsk.

Irkoutsk

Ville qui abritait la noblesse sibérienne pendant les XVIII et XIX siècles, elle est connue pour ses quartiers en bois, bien que dans des états de conservation divers (certains très bien conservés, d’autres penchent dangereusement… d’autres aussi sont incendiés, dit-on de façon criminelle, pour récupérer le terrain pour des opération immobilières). Plusieurs musées (musée ethnographique, musée de la ville…) recréent l’atmosphère du XVIIIe et rendent hommage aux premiers « gentlemen explorateurs » qui ont colonisé la Sibérie.

Par rapport au centre, la majestueuse gare est de l’autre côté du fleuve. Le tramway n°1 fait la navette. L’aéroport est proche du centre; le terminal domestique est neuf, le terminal international est vieux et vétuste. Prendre le bus 42, 43 ou 80 depuis le centre.

De nombreux trains, par exemple le n°69, font la liaison avec Krasnoïarsk en 18 heures environ (kupe 3500 roubles)

Krasnoïarsk

Ville agréable même si elle n’a pas de curiosité majeure. Juste avant l’arrivée, on traverse un immense pont sur l’Ienissei. Une excursion agréable d’une demi-journée ou d’une journée est de monter au Parc des Stolbys (formations rocheuses) grâce à un tout nouveau télésiège, qui fonctionne toute l’année. Prendre le bus n°37 jusqu’au terminus (« Bobroviy Log »).

Krasnoïarsk – Novossibirsk : environ 12 heures.

Novossibirsk

Pas grand-chose à voir ou à y faire (son principal musée est actuellement fermé pour rénovation). Un musée ferroviaire intéressant se situe à Seyatel, en banlieue sud. Prendre une elektrishka depuis la gare centrale.

Iekaterinbourg

Le centre est assez agréable à parcourir (s’il fait beau…) autour de l’étang central ou de la cathédrale construite sur le lieu d’exécution des Romanov. Non loin de là, une galerie photo est logée à l’étage d’un vieux magasin photo – toujours en activité. Les tramways sont une attraction en soi : il y en a de toutes les couleurs et de toutes les générations, seuls ou par paire ! Autour de Iekaterinbourg, plusieurs lieux ont des monuments pour marquer la « frontière » entre l’Europe et l’Asie, d’autres sont liés à l’histoire des Romanov. A Alapaevsk, un train à voie étroite dessert des villages reculés quatre fois par semaine.

One thought on “La prose du Transsibérien”

  1. Pour moi qui rêve de parcourir la Russie à bord du transsibérien, ton blog est une véritable mine d’or ! Merci pour le partage…

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