Au commencement, le Transsibérien suivait la rivière Angara depuis Irkoutsk et s’arrêtait sur la rive ouest du Baïkal. Les passagers qui souhaitaient continuer vers l’est devaient traverser le lac en bateau (en été) ou en voiture à cheval (en hiver, le lac est gelé).
Lorsque la voie a été prolongée vers l’est, la partie entre Port Baïkal et Slyoudianka (la pointe sud) a été construite en longeant la rive sur 80km, à travers de nombreux ponts et tunnels. Plus tard, une voie plus directe a été construite entre Irkoutsk et la pointe sud du lac, puis le barrage sur l’Angara a noyé une partie de l’itinéraire original. Reste donc cette voie en cul de sac depuis la pointe sud. Heureusement, son attrait touristique a assuré sa survie. C’est également le seul moyen d’accès à certains villages sur le chemin.
De nos jours, quatre trains par semaine parcourent en cinq heures les 80km de voie unique. Ce jeudi, c’est une locomotive diesel avec deux voitures de troisième classe qui nous attendent devant le fier petit bâtiment voyageur de Slyoudianka. Pour la modique somme de 74 roubles par personne, nous embarquons et prenons place autour d’une place de platskart. Les provodnitsa (chef de wagon) trient le courrier qui sera distribué aux arrêts. C’est parti pour un trajet de plus de cinq heures à très petite vitesse, ponctué de nombreux arrêts dans des stations qui ne sont parfois qu’une pancarte et un marchepied. Au terminus, le personnel du gîte nous attend sans qu’on l’aie prévenu… heureusement car l’hôtel est en haut d’un chemin de campagne raide et défoncé !